Le pilon et le mortier : des objets aux multiples perceptions

Le pilon et le mortier : des objets aux multiples perceptions

Le mortier et le pilon, des objets qui vont de pair permettent de broyer des matières que l'on veut transformer en pâte ou en poudre. Mortier et pilon sont souvent fabriqués en bois, en pierre, en marbre ou en métal. Outre l’aspect cuisine, le pilon et le mortier sont des objets aux multiples significations dans la société malienne.

Depuis les temps anciens, dans la société malienne, les tradi-thérapeutes se servaient des pilons et du mortier pour piler les médicaments en vue de préparations pharmaceutiques. Les pilons ont soit un bout rond, soit un bout plat.

Ces objets en bois sont très utilisés dans nos ménages depuis très longtemps. Avant l’arrivée des moulins, on se servait du mortier pour écraser les céréales « mil, maïs, fonio, ... » et l’on obtient de la farine ou des entailles de grains par la suite. Ils ont toujours été les instruments indispensables dans la cuisine malienne. La femme malienne ne peut pas se passer du couple mortier/pilon. Elle s’en sert aussi pour obtenir des mélanges d’épices, qui sont la base des multiples préparations culinaires.

Ces objets soulignent un attachement aux valeurs traditionnelles maliennes. Selon le sociologue Adama Traoré, le mortier représente l’un des premiers éléments indispensables du trousseau de la jeune mariée. Ils font partie des éléments les plus importants du trousseau de la jeune fille. La ménagère ne pourra pas cuisiner sans son mortier et son pilon. D’après ce sociologue, le mortier est considéré comme un objet mystique « Jadis, lorsqu’on souffrait de certaines maladies, on mettait sa tête dans un mortier pour prononcer certaines incantations qui pouvaient soigner le mal » et le pilon servait également pour démasquer les voleurs, et malfaiteurs. Apprend-on dans certaines ethnies comme les malinkés, le mortier et le pilon représentaient également la sexualité de la jeune fille ou du jeune garçon. Le lavage traditionnel de la jeune mariée (kounkoly) se faisait sur un mortier. « On la faisait asseoir sur le mortier et la relevait quatre fois, quand une mariée faisait ce rite elle ne devait pas divorcer, devenait  endurante, soumise, sage, patiente et calme dans son mariage nous a expliqué Awa Dante, « Magnan Baga » conseillère conjugale. Le mortier représente la force du mariage.

Dans certaines familles, les beaux-parents n'acceptent pas que leurs belles filles fassent moudre les céréales au moulin.  Pour eux, le goût d’un aliment pilé dans un mortier diffère de celui d’un aliment provenant du moulin.

Ces objets, décorés ou pas, se trouvent dans tous les marchés. Leurs prix varient entre 4000 et 5000 francs CFA.

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