Cinéma Cheick Oumar Sissoko: le statut des femmes mis à nu

Cinéma Cheick Oumar Sissoko:  le statut des femmes mis à nu

Cheick Oumar Sissoko, dans ses films rend hommage à toutes ces femmes qui luttent, qu’elles soient paysannes ou bonnes à tout faire. A travers cette réflexion de Sophie Hoffelt, ce grand cinéaste peut être considéré comme l’ange des femmes. Il met le doigt sur de nombreuses discriminations qui touchent ces dernières.

Tout d’abord, dans le film “Nyamanton”, le per­son­nage de Saran, la mère du petit Khalifa, est anal­pha­bète et bonne à tout faire à Bamako. Le petit garçon demande à son père : « Papa, pour­quoi mère n’a pas aussi un jour de repos ? » et le père répon­d : « Les bonnes n’ont aucun statut. Elles sont à la merci des gens. »

En fait, les causes de la sous-sco­la­ri­sa­tion des filles au Mali sont nom­breu­ses. Il s’agit à la fois de causes socio­cultu­rel­les, économiques et ins­ti­tu­tion­nel­les. L’éducation tra­di­tion­nelle cons­ti­tue dans une cer­taine mesure un frein à la sco­la­ri­sa­tion des filles. Les parents sont hos­ti­les à l’école parce qu’ils pen­sent qu’elle est le vec­teur d’une culture étrangère, alors que la fille est appe­lée à garder la tra­di­tion cultu­relle et à trans­met­tre aux géné­ra­tions futu­res cette iden­tité cultu­relle. Par ailleurs, la mère à la charge de l’éducation de la fille qui gran­dit à son ombre, avec l’école, celle-ci échappe à son contrôle pen­dant une longue période de la jour­née de l’année. De plus, le coût de l’école, les frais d’héber­ge­ment aux logeurs, de nour­ri­ture, de manuels sco­lai­res, les coo­pé­ra­ti­ves uni­for­mes sont des motifs de décou­ra­ge­ment, voire d’aban­don. Parallèlement, l’école consa­cre trop de temps aux connais­san­ces intel­lec­tuel­les au détri­ment des connais­san­ces pra­ti­ques. Dans "Nyamanton", la petite fille de la famille vend des oran­ges. Elle pleure sur son sort et rêve d’aller à l’école pour sortir de sa condi­tion.

Dans "Finzan", une petite fille demande : « Les femmes sont-elles des humai­nes ou des escla­ves ? ». Dans le film "Finzan", Nanyuma pousse un cri du cœur : « Nous, femmes, sommes comme des oiseaux sans arbre pour nous poser. L’espoir s’est éteint. Une seule chose nous reste : nous lever et atta­cher nos pagnes. Le pro­grès de nos socié­tés est lié à notre libé­ra­tion. ».

Dans le film "Battù", Cheick Oumar Sissoko offre un beau per­son­nage de femme qui lutte. Il s’attarde en effet sur le per­son­nage de Salla Niang, ancienne bonne à tout faire, seule avec ses deux enfants. Salla Niang porte la bonne parole grâce à son expé­rience de la vie. Femme de carac­tère, fière et géné­reuse, c’est autour d’elle que se fédè­rent les men­diants. Organisant le groupe, elle gère notam­ment les ton­ti­nes. Fière mais humaine, elle est res­pec­tée de tous les hommes qui gra­vi­tent autour d’elle.

Assitan Siga Fadiga