Quotidien de la femme rurale
Quotidien de la femme rurale
Dès que le coq chante, la femme rurale se met sur pied : elle donne à se laver à son mari et à ses jeunes beaux frères, lave les enfants, balaie la cour et prépare le petit déjeuné. A la fin de ces activités matinales, la femme, munie de calebasses, se dirige vers le grenier commun de la famille pour aller recevoir la quantité de céréales suffisante pour le repas du jour qu’elle partage entre les autres femmes de la famille (grande famille en général au village).
Au moment où les pilons de ces autres femmes donnent un rythme agréable dans le mortier pour moudre le mil, la femme (de la cuisine du jour) s’occupe de plusieurs activités à la fois: elle puise de l’eau, lave les ustensiles de cuisine et s’occupe en même temps des enfants qui pleurent à côté. On a l’impression qu’elle fait tout en même temps, des activités qu’elle abandonne de temps en temps pour répondre aux multiples appels de son mari qui a besoin d’elle pour l’aider à retrouver un objet dont il ne se souvient plus de la place dans la chambre. Quelques fois, le but réel de ces appels n’est pas de retrouver un objet supposé égaré, mais juste parce que le mari a besoin d’adresser la parole à sa femme et cela avec des sourires, des taquineries verbales, mais quelques fois avec des menaces également, mais des menaces en signe d’amour que la femme elle-même comprend et adore. Ces sourires, ces taquineries, ces menaces en signe d’amour, nous voyons rarement un mari les attribuer à sa femme au milieu de la grande cour devant tout le monde.
(Ce n’est pas une interdiction, mais les raisons qui font que quelqu’un ne montre pas publiquement son amour à sa femme prennent leurs sources dans un passé profond.
Ces quelques minutes d’échange et de partage de joie avec son mari motive davantage la femme parce qu’elle se sent considérée et non oubliée dans la journée par celui principalement pour qui elle a quitté son foyer paternel. Ainsi, elle retourne à ses occupations quotidiennes avec plus de courage et de volonté.
Tout au long de la journée, elle chante ! Elle chante non seulement pour se soulager, mais également pour donner à travers des chants, une bonne ligne de conduite aux enfants qui l’écoutent tout au long de ses va-et-vient entre la maison, la cuisine et le puits. Ces chansons permettent également aux belles mères de se rappeler de leur temps au moment où elles pratiquaient les mêmes activités avant qu’elles ne soient remplacées à la cuisine par les femmes de leurs fils. C’est le moment pour elles de se reposer mais un temps de repos qui leur attribue d’autres rôles à jouer dans la famille (à détailler dans d’autres articles à venir). Ces souvenirs d’un passé riche de connaissances traditionnelles et d’expériences, font partie des raisons qui motivent les belles mères à aider leurs belles filles dans leurs tâches soit en gardant les enfants ou en pilant les condiments. Elles deviennent des conseillères pour leurs belles filles et interviennent à chaque fois qu’il y a une incompréhension entre l’un de leurs fils et sa femme.
Fini avec le repas de midi, la femme prenait la calebasse contenant du coton, de la carde, de la quenouille et là, commençaient les activités génératrices de revenu aujourd’hui remplacées dans beaucoup de villages par les activités de maraîchage. A quatorze heures, elle se munit de la hache et rejoint ses semblables qui l’attendent à la porte. En groupe, elles se dirigent dans la forêt sous le soleil ardent, où le rythme de leurs haches en coupant des arbres pour en faire des fagots qu’elles transportent au village sur leurs têtes, mêlé à leurs chansons, aux chants des oiseaux et tout cela mélangé aux cris des bébés sur les dos, restent gravés dans la mémoire des jeunes garçons (leurs fils) qui gardent les animaux non loin d’elles et qu’elles ont trouvés là-bas sur place… Ces images, ces souvenirs sur les mamans pendant ces durs travaux sont très importants dans la relation entre une mère et ses enfants…
Toutes ces tâches accomplies par la femme au village justifient ce proverbe bambara malien pour rendre un hommage à la femme par les sages :« Quand tu vois un cadavre de femme au carrefour, c’est le cadavre de la patience et de l’endurance. »
SOURCE/quand le village se réveille.