le trousseau de mariage, au-delà du matériel

le trousseau de mariage, au-delà du matériel

Les trousseaux de mariage étaient un ensemble d’objets composés de pagnes, d’ustensiles de cuisine etc… que l’on offre à la nouvelle mariée. Cette pratique existe depuis des lustres. Signe d’affection de la part des parents envers leur fille, les trousseaux de mariage avaient pour objectif d’aider la nouvelle mariée dans sa nouvelle vie conjugale. Mais de nos jours, les trousseaux de mariage ont changé de contenus et d’objectifs.

 “kongnon minan” comme on le dit en bambara, le trousseau de mariage est une aide parentale pour commencer les nouvelles responsabilités auxquelles la mariée fait face. Chaque composante de cette dotation a une signification et un emplacement précis dans sa nouvelle maison. Du filet qui sert à attacher l’ensemble du trousseau appelé ``Kelou'' au petit objet comme la louche traditionnelle appelé “Galama”.

Selon Adama Traoré, traditionaliste et sociologue, tous les objets d’un trousseau de mariage sont significatifs. « Certains ont l’impression qu’il ne faut que des habits et des parures. Mais il y a également certains objets que nous ne voyons plus dans les trousseaux. La calebasse, le canari et le bol qu’on remet à la mariée sont utilisés pour donner de l’eau aux invités et ne doivent jamais être secs.

 L’eau étant indispensable à la survie représente le mariage.

Cette calebasse en plus du bol est synonyme de vie dans le foyer » a-t-il expliqué.

Aujourd’hui, il est difficile d’estimer le montant qu’on peut mettre à faire un trousseau de mariage, car certaines familles veulent toujours en faire plus, qu’importe les moyens pour y arriver. Les trousseaux de mariage sont devenus de nos jours de réelles sources de concurrence, des fardeaux stressants qui conduisent très généralement à la prise de certaines décisions nuisantes (vente des biens, prêts importants, et même la prostitution) avec pour seul objectif le vantardise. Au fait, certaines mamans, plus soucieuses de taper dans l’œil des voisins, de la famille, n’hésitent pas à s’endetter ou à repousser la date de mariage de leur fille pour pouvoir lui offrir tout le luxe.

Actuellement, certains trousseaux de mariage peuvent rassembler de dizaines de pagnes, des bazins, des ustensiles de cuisine à ne pas en finir, des kg de bijoux en or, une voiture, un titre foncier, des dizaines d’objets électroniques, et des meubles, de l’argent, pouvant faire des mois, voire des années sans être utilisés par la mariée. Malheureusement, tous ces biens sont vendus petit à petit par la nouvelle mariée ou restituer à d’autres, en guise de cadeaux et de remboursement de leur contribution lors de son mariage. Selon notre sociologue, avant, le trousseau de mariage ne demandait pas autant de dépenses car les mamans préparaient le trousseau petit à petit et à leur rythme dès le plus jeune âge de la fille jusqu’à son mariage. De nos jours c’est devenu un problème matériel, il y a des objets de valeurs qu’elles veulent ramener chez leurs époux pour pouvoir décorer le mariage et non servir le mariage. Par exemple, dans la tradition malinké le rameau de feuilles de karité donné à la mariée le jour de son départ était le symbole de la force de son mariage « on l’attachait dans la cuisine et laissait la fumée le noircir jusqu’à ce qu’on ne le remarque plus.

Et si jamais l'épouse repartait en larmes chez ses parents suite à plusieurs mésententes entre son époux et elle.

La première chose que demandaient les parents était de savoir si elle revenait avec quelque chose de bien spécifique.

Quand cela s'avérait être le rameau de feuille de karité, cela représentait la fin du mariage et nul n’avait plus le droit de s’interposer à cette décision conclut-il.

En somme, tout porte à croire que la femme malienne n’a toujours pas compris le vrai sens de cette tradition qui hélas continue d’être une occasion toute trouvée pour la mère et la mariée d’être à la Une.

Assitan siga FADIGA